Quels choix fiscaux à privilégier pour une esthéticienne en France ?
L'activité d'esthéticienne ? qu'elle soit exercée à domicile, en institut, ou en indépendant ? nécessite de choisir un statut juridique et un régime fiscal adaptés.
Ces choix auront un impact direct sur vos impôts, vos charges sociales et vos revenus nets.
1.
Le choix du statut juridique
Avant d'aborder le régime fiscal, il faut choisir la forme juridique de votre activité.
a) La micro-entreprise (auto-entrepreneur)
C'est le statut le plus simple pour démarrer une activité d'esthéticienne indépendante.
Avantages :
Formalités allégées (création gratuite et rapide sur autoentrepreneur.urssaf.fr)
Comptabilité simplifiée
Franchise de TVA possible jusqu'à 91 900 EUR de chiffre d'affaires annuel (seuil 2025)
Pas de bilan comptable obligatoire
Inconvénients :
Chiffre d'affaires limité à 188 700 EUR pour les activités de vente et 77 700 EUR pour les prestations de services
Pas de déduction des charges réelles (frais de matériel, produits, déplacements...)
Idéal pour démarrer, surtout si vous travaillez seule à domicile.
b) L'entreprise individuelle (EI)
Si votre activité se développe, vous pouvez opter pour une EI au régime réel.
Avantages :
Vous pouvez déduire vos dépenses réelles (loyer du local, produits, charges, véhicule...)
Régime fiscal plus adapté aux revenus plus élevés
Possibilité d'opter pour l'impôt sur les sociétés (si passage en EIRL ou option spécifique)
Inconvénients :
Gestion comptable plus complexe
Cotisations sociales basées sur le bénéfice réel
Recommandé dès que les charges réelles dépassent 30 % de votre chiffre d'affaires.
c) La société (EURL ou SASU)
Créer une société est pertinent pour les esthéticiennes souhaitant embaucher ou ouvrir un institut.
EURL (SARL à associé unique) ? vous relevez du régime des indépendants (SSI).
SASU ? vous êtes assimilée salariée (meilleure protection sociale, mais charges plus élevées).
Ce choix permet d'optimiser la fiscalité et de séparer votre patrimoine personnel du professionnel.
2.
Les régimes fiscaux possibles
Micro-BIC (ou micro-entrepreneur)
Applicable si vous restez sous les plafonds du régime micro.
Imposition sur le chiffre d'affaires, après abattement forfaitaire de 50 %
Taux forfaitaire de cotisations sociales : 22 %
Option possible pour le versement libératoire (impôt payé en même temps que les cotisations)
Avantageux si vous avez peu de charges.
Régime réel simplifié ou normal (BIC)
Applicable pour les esthéticiennes dépassant le seuil du micro ou ayant des charges importantes.
Imposition sur le bénéfice réel (recettes - dépenses)
Vous pouvez déduire vos frais professionnels réels : matériel, loyer, électricité, assurance, etc.
Tenue d'une comptabilité complète
Ce régime est plus intéressant fiscalement si vos charges dépassent 30 à 40 % du chiffre d'affaires.
Option pour l'impôt sur les sociétés (IS)
Si vous créez une société (EURL, SASU), vous pouvez opter pour l'IS.
Le bénéfice est imposé au taux réduit de 15 % (jusqu'à 42 500 EUR) puis à 25 %
Vous pouvez vous verser un salaire ou des dividendes
Permet d'échelonner la fiscalité
Idéal pour les esthéticiennes qui souhaitent investir ou embaucher.
3.
Quel régime social choisir ?
Micro-entreprise : cotisations proportionnelles au chiffre d'affaires (régime simplifié)
EI / EURL : régime des travailleurs indépendants (moins coûteux, mais protection moindre)
SASU : assimilé salarié (meilleure couverture, mais charges plus lourdes)
En général :
Si vous êtes seule, la micro-entreprise ou EURL suffit.
Si vous comptez embaucher ou ouvrir un institut, la SASU devient plus avantageuse.
4.
Synthèse des régimes
Statut | Régime fiscal | Avantages principaux | Inconvénients |
---|---|---|---|
Micro-entreprise | Micro-BIC | Simplicité, peu de gestion | Pas de déduction des charges |
EI (réel) | BIC réel | Déduction des frais, flexibilité | Comptabilité complète |
EURL | IS ou IR | Optimisation fiscale, charges réelles | Gestion plus lourde |
SASU | IS | Bonne protection sociale | Charges plus élevées |